Route de nuit - L’électrique au secours de l’automobile

fpfcorp 01/08/2021 1318

L’automobile est en train d’effectuer la plus grande révolution de son histoire en s’électrifiant, au prix d’investissement colossaux. Et pourtant, les constructeurs ne protestent que pour la forme…

Privilège de l’âge et du métier que je fais, j’ai pu conduire de très nombreuses voitures. De tous âges ou presque. Et une chose me frappe : le progrès va en ralentissant. Quelques exemples surgissent dans ma cervelle nourrie au sans-plomb.

Entre une Renault 8 de 1961 et une Renault 9 de 1981, l’évolution a été fulgurante. Tenue de route sans commune mesure, confort incomparable, équipement beaucoup plus complet, freinage infiniment plus efficace, performance en hausse, corrosion nettement atténuée…

Sympa, la Renault 8 en 1961. Mais la tenue de route était pour le moins incertaine…

Effectuons un autre bond de 20 ans en avant pour nous retrouver en 2001. Allez, 2002, l’année où sort la Mégane II. Et comparons-la à la R9. Les progrès ont été énormes, surtout en matière de protection contre les chocs : là où on finissait broyé dans la plus ancienne des deux, on sort pratiquement indemne de la plus récente. Celle-ci a également progressé de façon remarquable en tenue de route (surtout que l’ESP a fait son apparition), en équipement (GPS, clim auto), en confort… Un monde, là encore, sépare les deux autos, moins vaste peut-être que l’univers existant entre la R9 et la R8.

La Renault 9, en 1981, propose déjà une tenue de route et un confort de bon niveau. Mais la résistance aux chocs demeure symbolique.

Avance rapide jusqu’en 2021. Rapprochons la Mégane II de la Mégane IV. Celle-ci est sur le point d’être remplacée, aussi semble-t-il opportun de dresser un bilan. Honnêtement, elle n’a progressé que de façon assez marginale face à la II. Si elle tient mieux la route, c’est inexploitable dans le monde réel, si elle freine mieux, c’est là encore de peu, si l’équipement s’est enrichi, c’est par le biais d’une tablette tout à fait inutile, où d’aides à la conduite discutables. Les performances ont également grimpé, mais là encore, rien de bien déterminant. Et je ne pense pas que son confort soit meilleur !

La Renault Mégane II, en 2002, obtient 5 étoiles à l’EuroNcap : elle protège remarquablement bien ses passagers, tout en leur proposant un équipement et un confort de haut niveau.

Ce constat, on peut l’appliquer à toutes les marques. De la Peugeot 204 à la 309, on passe de l’antiquité à la renaissance, de la 309 à la 307, de la renaissance aux 30 glorieuses, et de la 307 à la 308 III des 30 glorieuses à la crise du Covid.

En clair, un palier a été atteint : jamais nos autos n’ont été aussi sûres, protectrices et équipées… Pire, celles sorties à partir du début du XXIème siècle ne rouillent pratiquement plus (les tôles sont traitées contre la corrosion dès la fonderie) donc durent longtemps. Leurs prestations demeurant compétitives, pourquoi les remplacer ? Surtout que par la faute de normes toujours plus contraignantes, les prix du neuf ont sérieusement grimpé…

La Renault Mégane IV ne progresse que marginalement face à la II : tablette tactile et aides à la conduite peinent à faire la différence, même en 2021.

En réalité, il y a peu de raisons objectives de changer une auto de 2005 qui fonctionne bien. D’ailleurs, le parc automobile français n’a jamais été aussi âgé : 11 ans. Et ce, malgré les nombreuses primes à la casse qui ont envoyé au rebut un sacré paquet de voitures en bon état (vous avez dit gaspillage ?).

Certes, le boom du SUV, initié par la Nissan Qashqai en 2007, a masqué la désaffection du public pour les autos neuves, de même que le fait que 50 % des achats en France soient le fait des entreprises. Mais, le parc vieillit aussi dans les autres pays européens, ce qui pose problème. Aux constructeurs, qui ne savent plus comment utiliser leurs usines, et aux Etats, qui craignent que cela n’engendre du chômage, soit au niveau de la fabrication, soit de la vente, ainsi qu’une baisse d’entrées fiscales, l’automobile étant une vache à lait fiscale un peu partout.

C’est là que l’électrification entre en scène. Au départ, elle a été lente, initiée par Toyota avec sa Prius hybride. La concurrence a suivi de loin. Et puis, il y a eu Tesla Model S en 2012, qui a chamboulé le marché des grandes berlines, semant le doute chez les constructeurs historiques, voire la Renault Zoé, voulue par un Ghosn visionnaire.

Ajoutons à ceci la déflagration invraisemblable du dieselgate, qui non seulement a stoppé net l’invasion du marché US que VW avait programmée en se servant de ses moteurs TDI, mais aussi jeté un discrédit inédit sur l’industrie automobile traditionnelle. Si on ajoute que tout ceci s’est déroulé avec pour toile de fond un marché chinois qui, connaissant une fabuleuse expansion, est devenu le plus important de la planète, on obtient un cocktail détonnant. Nucléaire !

En 2012, la Tesla Model S a révolutionné le marché automobile, en commençant par le haut de gamme. Depuis, presque toute la concurrence est passée à l’électrique !

Or, la Chine n’a pas de passé ni de culture automobile, donc pas de préjugés : elle est donc friande de nouveautés plus que de respect des habitudes. Elle est, de plus, l’atelier du monde, donc le premier producteur de batteries, et de loin, surtout qu’elle dispose des ressources naturelles pour les fabriquer. On comprend dès lors que les constructeurs occidentaux s’y ruent avec des autos zéro émission dans leurs bagages. Economies d’échelle oblige, il est tentant d’en proposer aussi en Europe, où le souci écologique devient de plus en plus pressant.

Mais… Les électriques sont chères, alors comment faire en sorte que les propriétaires de modèles thermiques anciens dont ils sont très contents les achètent ? La Commission Européenne, très perméable aux lobbies, peut devenir une aide : elle produit en 2017 son plan « L’Europe en mouvement » visant à accélérer la réduction des émissions de CO2.

Le parlement puis les Etats prennent le relais, et passent des lois qui pénalisent durement les véhicules dits polluants tout en subventionnant les électriques. En France, cela passe par des malus CO2 délirants, des primes pour l’achat de voitures zéro émission et surtout, l’interdiction d’utiliser des autos jugées trop anciennes dans certaines zones urbaines, les fameuses ZFE. En clair, un vieillissement programmé… légal !

L'électrique, bientôt écologique

Bref, on ne coupera pas à l’électrique. C’est ce que veulent les Etats, les industriels et nombre d’écologistes. Et pourquoi pas, si cela permet à une automobile à bout de souffle de se régénérer ? D’autant que les électriques présentent à l’usage bien des avantages : performances immédiates, silence de fonctionnement, simplicité mécanique gage de fiabilité, entretien réduit… Le voilà le renouveau qui peut donner envie de renouveler sa vieille monture !

Par ailleurs, les progrès aidant, la voiture électrique deviendra peut-être écologique (pour l’instant, sa fabrication est une catastrophe environnementale), abordable et facile à recharger, ces deux derniers points étant, eux aussi, très problématiques.

En attendant, avec cette transition énergétique à marche forcée, on risque de laisser sur le bord de la route ceux qui n’auront pas les moyens de se l’offrir, surtout qu’avec l’électrification des autos, le prix du neuf augmente considérablement, entrainant avec lui celui des occasions. Vous avez remarqué qu’on ne trouve pratiquement plus de bonnes autos à 1 000 € ? La voiture pas chère risque de disparaître avec le thermique. Quand on pense qu’une augmentation du prix des carburants a été l’élément déclenchant du mouvement des Gilets Jaunes…

La Nio ET7 de 2021, avec ses 1 000 km d’autonomie électrique, montre que les Chinois aspirent désormais à faire la course en tête.

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